Un amour virtuel...

Publié le par Michael Kuntz

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TRUST - de David Schwimmer (USA) 

Parmi les bandes annonces qui étaient diffusées depuis début Janvier dans les salles il y avait ce "Trust" alléchant. Je l'avais repéré et je guettais sa sortie.

Faut dire qu'à la lecture du nom du cinéaste, à la fin de la bande annonce il y avait de quoi s'interroger. David Schwimmer. Sur le coup, j'ai directement pensé au comédien culte de la série "Friends" puis, je me suis dit: "Non, ça doit être un autre", un peu comme le Steve McQueen de "Shame" sortit en fin d'année et déjà responsable de l'indigeste "Hunger".

Un homonyme en sommes.

Et bien non, après des recherches sur internet, figurez-vous que c'est bien le "Ross" de Friends, passé à la réalisation depuis l'arrêt de la série. Entre les épisodes de la série qu'il avait dirigé lui-même, ceux de la spin-off "Joey" et un premier long métrage passé plus ou moins inaperçu malgré de bonnes critiques presse, le voici avec "Trust" dans un exercice surprenant.

De l'acteur comique au réalisateur à message, comment David Schwimmer a t'il réussi sa métamorphose ?

Dès les premiers plans, le cinéaste s'intéresse à la famille. C'est immédiat. Avec quelques sous-titres qui mettent en avant une discussion sur internet entre la fille de la famille et un parfait inconnu rencontré sur un "chat".

Cette relation extra-familiale prend rapidement le dessus, la fille passant son temps (celui du repas, pendant les cours, en rentrant chez elle) à "chater" avec un certain Charlie.

Le film s'intéresse aux nouveaux outils de communication. D'un côté, une famille idéale, presque parfaite dans laquelle les parents n'y comprennent pas grand chose à l'ère numérique mais se prêtent volontiers au jeu. De l'autre, les "jeunes", pour lesquels ces nouveaux outils sont indispensables à leur équilibre mais qui ne les coupent pas non plus de la famille.

Ce rapport à priori équilibré semble en parfaite harmonie, du moins en surface. Car rapidement, la fille se fait piéger par sa relation.

D'abord elle est surprise d'apprendre que son interlocuteur rencontré deux mois avant lui a menti sur son âge. De 15 ans, il passe à 20, puis 25.

Une différence d'âge qui n'arrête pas les deux complices dans leur relation virtuelle.

Jusqu'au jour de la rencontre. Un homme de 35 ans qui rencontre une jeune fille de 15 ans dans un centre commercial. Charlie, il s'appelle.

L'apparente inquiétude de la fille, au départ, permet de saisir le sens de la relation, à priori d'abord intellectuelle puis, petit à petit, glissant vers des questions d'adultes. L'imagination devenant réalité.

L'Homme emmène la fille dans un motel, il lui a offert une petite tenue sexy, trop sexy pour une fille de 15 ans. Mais son innocence ou son inconscience lui fait franchir le cap. L'Homme la viole mais elle, ne le prendra jamais comme tel.

Persuadée d'être amoureuse de l'Homme ou plutôt embobinée par ce dernier lui faisant croire que lui, l'aime.

Cette étrange relation aura des conséquences dramatique pour l'équilibre familial. D'abord parce que de la fille, on passe rapidement aux parents, leurs inquiétudes, fondamentalement et justement, ne sont pas les mêmes.

Le combat d'un père (Clive Owen, génial) emboîte le pas à tout le reste.

Jusqu'à la folie amère, gorgée de désespoir et de rage, le père fera son enquête, en plus de celle, parallèle, menée par le FBI.

David Schwimmer interroge, tout en nuance et en quelques plans, les rapports familiaux. La trop soudaine perte de l'innocence à un âge ou il ne devrait pas en être question finit de faire basculer le parfait petit équilibre.

Et surtout, de remarquer qu'au fil de l'écriture, la fille prend enfin conscience de l'acte.

C'est au moment ou elle apprend qu'elle n'était pas la seule, l'unique, comme Charlie voulait lui faire croire que la fille mesure l'acte qu'elle a subit. 

Et là, le film atteint son paroxysme. La mise en scène se fait subtile, encore davantage et pose les vraies questions. La fille est devenue adulte, malgré elle.

Le cinéaste est constamment dans la finesse, l'équilibre, le juste dosage entre une émotion vive, intense et la psychologie de famille, ses questions, ses doutes, son union.

Parce que le combat d'une fille devient le combat d'une mère et surtout d'un père.

Un film admirable, saisissant, une réussite. 

NOTE: 4/5

Publié dans Cinéma

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