(Re)construction

Publié le par Michael Kuntz

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Après que la terre eût tremblée vint le moment de reconstruire.

Une seule phrase suffit en fait à résumer ce qui se passe à Haïti en ce moment même. Presque 15 jours après le terrible tremblement de terre, il faut reconstruire au plus vite, éviter de sombrer chaque jour de plus dans un chaos qui pourrait être inéluctable.

La faute à qui ?

Ce n'est pas tant le désastre que vient de subir cette petite île voisine de la République Dominicaine qui est à pointer du doigt mais son avenir potentiel, s'il y en a un.

Le séïsme a tout détruit ou presque, alors, c'est maintenant le temps de reconstruire un pays tout entier plongé dans la peur, la crainte des lendemains incertains car ils risquent d'être nombreux.

Haïti est une république, c'est du moins sous cette appelation qu'elle est dénommée. En pratique, si cela reste contestable, il faut parvenir à laisser de côté le passé pour construire l'avenir.

Combien de temps faudra t-il ? Peut-être des années, plusieurs années même. Le matériel se remplace; à petit feu et en étant armé de patience mais qu'en est-il des esprits tourmentés ? Des années de dure labeur et des souvenirs angoissés ? Comment faire esquisser à nouveau les sourires sur les visages des Haïtiens ? Comment leur faire croire à un bonheur à long terme ? Enfin !

 C'est ici, selon moi, que se trouve les données du problème. Peut-être un problème plus lourd encore que de remettre sur pied des édifices en brique ou en pierre. Parce que là ou l'objet peut retrouver sa forme, sa splendeur, son prestige, l'Homme couché ne se relève pas aussi facilement.

Et dans cette région du Globe, encore plus que nulle part ailleurs, il faut prendre les choses en main pour que le peuple reprenne confiance en l'être humain, qu'il lui offre à nouveau la parole et se bâtisse une nouvelle vie.

Ce n'est pas l'argent, en tout cas pas celui qui offre bonne conscience à celui qui le donne, qui permettra aux habitants d'Haïti d'oublier ce qui vient d'arriver. Le vrai geste citoyen, la véritable attention est d'être à l'écoute d'un pays qui s'oppose depuis des années aux injustices, tout autant politiques, qu'économiques ou sociales. 

Le véritable problème n'est pas le séïsme, bien qu'il en soit un tout à fait horrible et catastrophique, mais l'identité d'un pays qui ne sait pas sur quel pied se tenir. En déséquilibre permanent, balayé par la corruption ou le désastre politique, Haïti a toujours souffert.

Famine, seuil de pauvreté, insalubrité, les cris du peuple n'ont pas servis à grand chose. Alors il reste à (re)construire un pays tout entier pour que l'avenir ne (re)produise pas les mêmes erreurs.

Mais dans ce vaste élan de générosité de part et d'autre du globe, ne se cache t-il pas un soupçon de compétition glorieuse ? À qui donnera le plus, la récompense risque fort de ne pas être celle que l'on croit. Un pays est en jeu, tout autant que des intérêts politiques et économiques.

Ce n'est pas l'enrichissement d'Haïti, déjà vidé de toutes ses bourses, mais celui d'un ou plusieurs pays qui voient en cette occasion unique la promesse d'une reconquête...

Pour soutenir Haïti, souhaitons lui de se reconstuire par la force de son peuple.

Michael Kuntz 

Publié dans Actualités

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