L'ombre de l'ombre.

Publié le par Michael Kuntz

Film français de Roman Polanski
Thriller - Couleur
Durée: 2h08
Année: 2010

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Pour le moins que l'on puisse dire "The Ghostwriter" est un peu la cerise sur le gâteau. 

Si Roman Polanski est en ce moment même assigné à résidence, en Suisse, son film, lui, s'accorde une liberté magistrale. 

L'histoire est assez simple, son traitement en revanche, d'une très grande complexité. La construction narrative n'est pas sans rappeler les plus belles et les plus torturées des oeuvres d'Alfred Hitchcock. 

Une évolution du personnage qui ne comprend rien à ce qui se passe - en même temps que le spectateur - et qui se voit plonger dans l'angoisse toute relative du mystère. 

Une enquête sur la disparition du premier "Nègre" d'Adam Lang, ex-premier ministre fictif britannique qui n'en est pas vraiment une, ou plutôt, qui prend les allures d'une enquête malgré elle. 

Car le pauvre "ghostwriter" qui remplace le précédent vit dans son ombre. L'ombre de l'ombre, le fantôme qui ère ça et là, sans réelle existence, sans reconnaissance, assigné lui aussi - comme Polanski - à résidence. 

Sa mission, réécrire des mémoires autobiographiques de plus de 600 pages, pour la plupart, un tissu de mensonges et de faux-semblants. 

Alors, en dépit de la difficulté, le "Ghostwriter" s'accorde le droit de véto, s'autorise une existence et part à la recherche des indices laissés vacants par son prédécesseur. 

Polanski revient au sommet. Le même, à peu de choses près, qu'à ses débuts. Comment ne pas repenser au cataclysme triangulaire du "Couteau dans l'Eau". 

La présence de cette même eau, d'ailleurs, suffit à asseoir la comparaison. L'eau de tous les dangers, insaisissable, opaque, mortelle. 

La pluie, aussi, qui vient troubler l'enquête, apportant la touche hitchockienne liée aux éléments de la nature qui se déchaîne, trouble la vue, les sens, les repères. 

Et puis, la rythmique du film, l'inplacable perfection de la mise en scène. Comment ne pas la reconnaître ? Impossible ! 

Tout est millimétré, impertinent, rigoureusement maîtrisé et d'une certaine façon, fidèle au cinéma d'antan, celui des Welles ou des Hitchcock. Un cinéma classique, âpre, techniquement et thématiquement abouti. 

L'oeuvre Polanskienne prend ici encore une fois tout son sens. Assurément l'une des oeuvres les plus marquantes de la décennie, pour sa justesse et son professionnalisme. 


Note: 5/5 

Publié dans Cinéma

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